Comme chaque soir avant la représentation au théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, l’équipe distribue les feuilles de salle au public où sont indiqués le nom de l’autrice de la pièce Rapt, la Québécoise Lucie Boisdamour, et le pitch de ce qu’on s’apprête à voir : «Louis découvre que quelqu’un publie sur Internet en son nom, et que ce n’est pas la seule partie de son identité qui lui a été volée. Mais qui lui a fait ça ? Et pourquoi ?» Cette fois plus qu’une autre, il faut lire ce petit programme pour entrer pleinement dans la pièce (en revanche, lecteur, ne lis pas la suite de cet article si tu ne veux pas être spoilé).
Car tout y est faux, ou presque. La jeune femme qui a écrit ce texte en 2022 n’est pas Lucie Boisdamour mais Lucy Kirkwood, une jeune dramaturge anglaise dont on avait apprécié le texte d’une précédente pièce, Firmament, déjà mis en scène par Chloé Dabert. Il ne sera pas du tout question d’usurpation d’identité, mais plutôt de la dissolution de celle d’un couple, de plus en plus perméable au complotisme et à la paranoïa. Et la pièce Rapt pourrait bien finalement se nommer Ravissement.
Traquenards et complot théâtral
Dès les premières minutes, un texte s’affiche lettre à lettre, comme sur l’écran d’un ordinateur ou la machine à écrire d’un vieux film de détective : si Chloé Dabert e