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Expérience

Réalité virtuelle : «Ito Meikyu», la fable des matières de Boris Labbé

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Habitué du cinéma d’animation, l’artiste a investi la VR pour créer une expérience immersive déroutante et vertigineuse qui transporte le visiteur dans un voyage déphasant.
Ito Meikyu se déploie et scintille sur fond noir, c’est-à-dire quelque chose qui n’a pas de contour. (Nicolas Brasseur)
publié le 16 novembre 2024 à 9h30

Grand Prix Venice Immersive à la dernière Mostra, l’œuvre Ito Meikyu/ Fil d’errance est proposée gratuitement et jusqu’à début janvier aux visiteurs parisiens. Une fois mis le casque de réalité virtuelle, vous ne bougez plus mais vos yeux vont eux comme pousser du regard les différentes portes d’un espace labyrinthique jalonné de scènes où cohabitent des personnages s’activant en gestes répétés à des tâches parfois indiscernables et des figures abstraites issues d’une rêverie sur les fils, les rubans, le verre brisé. On est à la fois à l’intérieur d’une maison familiale quelque part en Asie et dans une fabrique de métier à tisser, dans un espace surmonté d’architecture verticale complexe ou s’ouvrant en gouffre chromatique éblouissant. Pour qui n’est pas habitué à la VR, l’expérience peut d’abord dérouter car il n’est pas facile d’être à l’aise dès lors qu’on est planté dans une galerie avec d’autres visiteurs déambulant autour de vous mais en perdant la vision réelle au profit du trompe-l’œil mobile de la réalité virtuelle. La transmigration mentale dans cet au-delà du monde comme soudain à portée de main ou de «visions» droguées ou déphasées fonctionne d’autant mieux ici qu’Ito Meikyu se déploie et scintille sur fond noir, c’est-à-dire quelque chose qui n’a pas de contour et qui pourrait tout avaler, gens, objets, lumières et nous.

Intersection de plusieurs disciplines

Ito Meikyu est