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Déconfinement

Réouverture des lieux culturels : Roselyne Bachelot marche sur des œufs

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La ministre de la Culture a assuré lundi soir vouloir maintenir des aides pour l’ensemble des filières culturelles durant les prochaines semaines de déconfinement, sans entrer dans le détail. Mais elle a fixé les grandes modalités pour les réouvertures.
La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, en séance à l'Assemblée nationale le 16 mars. (GONZALO FUENTES/REUTERS)
publié le 4 mai 2021 à 19h20

Des avancées bienvenues mais encore beaucoup d’attentes de la part des professionnels du secteur. La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a affiné la stratégie gouvernementale de réouverture des lieux culturels lors d’une séance nocturne qui s’est tenue lundi à l’Assemblée nationale. Un domaine particulièrement frappé par la crise sanitaire et dont l’amélioration ne semble pas pour tout de suite. «Avec le couvre-feu, les conditions de reprise seront d’un point de vue économique, dégradées», a reconnu Roselyne Bachelot.

Mais la ministre le répète, l’Etat ne laissera «tomber personne». Les théâtres privés qui feraient le choix de ne rouvrir qu’en septembre pour des raisons économiques seront également «accompagnés». Sur le plan de l’emploi, la ministre a reconnu qu’il était «nécessaire de prévoir une suite à l’année blanche» dont ont bénéficié les intermittents du spectacle, et indiqué que «plusieurs scénarios sont sur la table». Pour le concret, elle a renvoyé à la «concertation» en cours.

Embouteillage dans les salles

Lors de cette séance tardive dans l’hémicycle, les grandes lignes du calendrier culturel ont été dévoilées. Le 19 mai, la réouverture pour les salles de spectacle assises et les cinémas devront se faire dans le respect de 35% de la jauge, dans la limite de 800 spectateurs. Au 9 juin, cette jauge s’élèvera à 65%, avec une levée totale des restrictions d’accueil prévue pour le 1er juillet. La vente de nourriture, chouchous et mignardises sucrées restera interdite dans un premier temps. Côté film, la tâche s’annonce ardue. Quelque 150 productions françaises et 250 étrangères sont dans les starting-blocks, en attente de sortie depuis des mois. La ministre espère que les distributeurs parviendront à s’entendre autour d’un «calendrier concerté» et a rappelé qu’un projet était toujours en discussion. Depuis des semaines, certains n’hésitent plus à pointer la «cacophonie» du gouvernement autour du sort des lieux de culture.

Du côté des musées et monuments, un seuil de 8 m² par visiteur sera imposé à la réouverture, qui «pourrait» être assouplie à 4 m² par visiteur le 9 juin. Les musées des Arts décoratifs et Nissim de Camondo à Paris ont annoncé leur réouverture commune pour le 19 mai. Idem pour le musée d’Orsay, qui a annoncé la reprise de sa billetterie à partir de jeudi. A l’Odéon (VIe arrondissement), après plusieurs semaines d’occupation par des collectifs d’artistes, le théâtre se prépare enfin à accueillir du public. Le théâtre présentera dès le 19 mai la Ménagerie de verre, écrit par Tennessee Williams et dirigé par le Belge Ivo Van Hove.

Au Théâtre de dix heures, dans le quartier de Pigalle (XVIIIe arrondissement), on se prépare plutôt à une réouverture le 9 juin. Pour Eric Damain, administrateur du théâtre joint par Libération, impossible d’ouvrir plus tôt : «Nous allons devoir attendre que les jauges soient augmentées. Notre salle n’est pas grande et nous sommes obligés de faire plusieurs spectacles et représentations par soir. Avec le couvre-feu, on ne peut rien faire car les gens sortent tout juste du bureau et doivent aussitôt rentrer chez eux.» La salle de 140 personnes va devoir mettre en place des mesures pour s’adapter après six mois de fermeture. «On espère que le public sera là. Beaucoup de gens sont passés nous voir et nous soutiennent, assure Eric Damain. Ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’on puisse maintenir notre modèle économique. On ne reçoit pas des artistes phares et le prix moyen des billets est relativement faible comparé à d’autres structures plus grandes.»

Dernier sujet sur la table du gouvernement pour l’instant, et pas des moindres : le sort des salles de concert debout. Elles resteront fermées et il n’existe à l’heure actuelle aucune perspective de réouverture. Si ce n’est le concert test, avec deux dates prévues prochainement à Paris et Marseille, en attente d’une autorisation ministérielle. Une réunion sur le sujet devrait se tenir dans les prochains jours. L’AP-HP a toutefois publié ce mardi le protocole sanitaire du concert test dans la capitale, planifié le 29 mai à l’AccorArena. Un groupe de 5 000 spectateurs devrait pouvoir y assister physiquement.