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Représenter l’enfance, un art très politique

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Au Wiels de Bruxelles, les peintures et vidéos de Francis Alÿs invitent à considérer les jeux comme un reflet de la société, tandis qu’une anthologie publiée aux éditions Burn Août souligne le «besoin d’émancipation» des plus jeunes.
Extrait vidéo de «Children's Game #22: Jump Rope» réalisé à Hongkong en 2020.
publié le 28 décembre 2023 à 22h08

Politiser l’enfance ? A califourchon sur l’un des tabourets à roulettes disposés dans l’exposition bruxelloise de Francis Alÿs en lieu et place des traditionnels et statiques bancs de musée – transformant de facto la visite en joyeux foutoir –, c’est d’abord l’envie d’en découdre avec cette injonction permanente, qui voudrait que tout soit politique, qui l’emporte. Et l’on s’accroche à cette idée que, précisément, les jeux d’enfants sont régis par des lois qui leur sont propres : la joie, l’inventivité, la fraternité. Mais très vite, c’est Alÿs au pays des merveilles qu’il faut entendre : «Les enfants jouent pour assimiler les réalités qu’ils rencontrent», rappelle cet observateur hors pair. Et les jeux, des plus simples aux plus sophistiqués enregistrés à travers la planète, au Congo ou en Irak, à Hongkong ou au Danemark, sont en réalité des trompe-l’œil : «Leurs jeux imitent, se moquent ou défient les règles de la société adulte. L’acte de jouer peut également les aider à faire face à des expériences traumatisantes telles que celles de la guerre en créant un simulacre du réel et en transformant les circonstances dramatiques qui les entourent en un monde plus fictif et ludique.»

Jeux de jambes ou de rôles

Au Wiels, qui propose pour quelques jours encore une version augmentée de la proposition que Francis Alÿs fit pour le pavillon belge