Dans Dahomey, le film de Mati Diop qui sort ce mercredi en salles, les œuvres nous regardent et nous jaugent. Serons-nous à la hauteur ? semblent-ils demander. Avec ménagement, les experts et les régisseurs du musée du Quai-Branly, à Paris, manipulent les statues, couvrent leur nuque de tissus pour qu’elles ne prennent pas froid, avant de les déposer à plat ventre dans leur caisse pour leur grand voyage de retour vers le Bénin, d’où elles ont été arrachées cent trente ans plus tôt. Les œuvres sont délicates. La question de leur restitution aux pays anciennement colonisés aussi. Si délicate qu’en France, elle semble accuser un certain ralentissement. Alors qu’il devait être discuté à l’Assemblée nationale au printemps 2024, le projet de loi sur la restitution des biens culturels ayant fait l’objet d’appropriations illicites entre 1815 et 1972 a été reporté sine die.
Reconnaître un droit au patrimoine
Parmi les puissances européennes c’est pourtant la France (sous la pression d’activistes, de chercheurs et d’institutionnels africains) qui avait relancé le retour des œuvres spoliées pendant les conquêtes des puissances coloniales. En 2016, le président béninois Patrice Talon demande officiellement la restitution des artefacts pillés par la France lors de la conquête du Dahomey, ancien royaume situé au sud de l’actuel Bénin. Un an plus tard, Emmanuel Macr