Rouvrir les théâtres publics, d’accord, mais pour qui ? Et surtout, pour y voir quoi ? Si c’est pour y voir un théâtre autiste et hermétique, où l’on postillonne du Maeterlinck en spoken word, déguisé en lapin nain, aux oreilles de primo-spectateurs qui ne remettront de fait jamais les pieds dans une institution publique, non merci. Que l’Etat continue à subventionner lui-même ces artistes complètement déconnectés, mais ce sera sans nous. «Nous», ce sont ces nombreux maires, toutes étiquettes confondues, qui, depuis les dernières élections municipales notamment, entendent récupérer la gestion, et par là même la programmation, des théâtres implantés sur leurs territoires. En décembre, on revenait déjà dans Libé sur le cas de Lunéville, petite ville de Meurthe-et-Moselle, où la mairie a choisi de «déconventionner» son théâtre (bénéficiant jusqu’alors du label d’Etat «Scène conventionnée»), histoire d’avoir les mains libres pour y programmer des spectacles qui correspondent davantage «aux attentes de nos concitoyens». Aujourd’hui, on apprend que le nouveau maire d’Arles, l’ancien PDG de France Télévisions Patrick de Carolis (sans étiquette, entouré de conseillers très à droite), entend faire de même avec le sien – une scène conventionnée d’intérêt national, dirigée jusqu’alors
Billet
A Arles, le maire Patrick de Carolis se réinvente programmateur de théâtre
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Patrick de Carolis, maire d'Arles (Bouches-du-Rhône), à l'hôtel de ville, en juillet. (Clément Mahoudeau/AFP)
par Ève Beauvallet
publié le 1er juin 2021 à 16h53
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