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Performance

A la Villette, Susanne Kennedy fait tourner la tête

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Jusqu’au 26 novembre à Paris, «Einstein on the Beach» de la metteuse en scène allemande est une espèce d’hallucination collective où les spectateurs naviguent entre leur place assise et le plateau en perpétuel mouvement.
Susanne Kennedy, metteuse en scène allemande, emporte tout avec son «Einstein on the Beach», opéra de Philip Glass. (Ingo Hoehn/Ingo Hoehn)
publié le 24 novembre 2023 à 17h39

Elle avait scotché le Festival d’Avignon avec Angela (a Strange Loop), pièce glaçante en jaune fluo et impressions vidéos psychédéliques pour une ado zombie aux expressions mécaniques. Susanne Kennedy, metteuse en scène allemande, emporte tout avec son Einstein on the Beach, opéra de Philip Glass. Et Bob Wilson ? Non, pas de Bob, ni de Lucinda Childs, pour cette installation monumentale à la Grande Halle de la Villette à Paris : un paysage de rochers et de dunes, avec, au bout d’un escalier, une sorte de turbine en ruines, et plus bas ce qui pourrait ressembler à un temple avec ses cariatides, ou encore une grotte cachée qui demande d’aller voir de plus près ce qui s’y passe ; on ne va pas se priver. Car toute la pièce est dans un incessant va-et-vient des spectateurs, entre leur place assise et le plateau-manège qui tourne, sur lequel on va se balader, s’asseoir et se coucher au pied des officiants chanteurs et performeurs.

Une esthétique sous acide

Il y a deux façons de vivre la pièce. La première, d’en haut, en salle, pour prendre toute la mesure de ce projet insensé : un parc d’attractions – à moins que ce ne soit un lieu de pèlerinage auquel se rend doucement la foule des spectateurs –, surmonté d’écrans où défilent des paysages mutants, des formes organiques au bord de la liquéfaction, bref un monde