Sous les arches d’une maison sans âge, une petite fille noyée dans sa robe rose, les yeux clos, quelques mèches balayées par l’air moite des ventilateurs, danse les bras levés sur les trilles d’un oud métallique. Des enfants autour d’elle entonnent une mélodie entêtante – «Ne me blâme pas, mon ami, l’amour peut être dur», lancent-ils de leurs voix claires, comme pour étouffer les gémissements sourds qui s’échappent du monde des morts. Ils suivent, attentifs, la mesure battue d’une main légère par Hakam, chef d’un jour de ce chœur juvénile et maladroit rassemblé dans un recoin de la vieille ville de Mossoul. Au fond, les parents songeurs laissent filer le temps jusqu’à ce que s’achèvent, toujours trop vite, ces ateliers irréguliers où Hakam et sa troupe tentent de transmettre aux enfants de l’après-guerre le goût des arts vivants.
Voilà quelques années déjà que la compagnie, un temps baptisée «Après les ténèbres» et devenue DAI, «lumière», bouscule les mœurs conservatrices de la ville en tentant d’y faire émerger une scène de théâtre pensée comme l’avènement d’un nouveau monde. Portée par Hakam Akram l’espiègle, Omar Akram le tragique, Mohamme