Menu
Libération
Interview

Angélica Liddell au Festival d’Avignon : «On ne peut pas vivre si on ne transforme pas nos démons en œuvre»

Article réservé aux abonnés
Héroïne et criminelle absolue du Festival, la metteuse en scène espagnole rejouera les funérailles du cinéaste suédois Ingmar Bergman dans la cour d’honneur du palais des Papes dans «Dämon». Elle raconte son enfance, ses débuts au théâtre et sa vision de sa propre mort.
La metteuse en scène madrilène Angélica Liddell, à Gand en Belgique en 2021. (Colin Delfosse/The New York Times. Redux. Rea)
publié le 28 juin 2024 à 18h00

Angélica Liddell qui ouvre le Festival avec Dämon, El Funeral de Bergman dans la cour d’honneur du palais des Papes, c’est le geste puissant de son directeur, Tiago Rodrigues. L’Espagnole incarne littéralement au théâtre la dimension transgressive de l’art. Angélica Liddell n’est pas une actrice de plus, ni une écrivaine, metteuse en scène de plus, c’est une officiante sacrificielle qui nourrit la scène de sa vie. Il y a un prix à payer pour elle comme pour nous : une violence esthétique qui choque. Un rasoir qui entame sa peau, dans Liebestod (la mort d’amour) montré à Avignon en 2020, ces tas de charbon qu’elle déplaçait à mains nue, crevée, dans la Casa de la Fuerza où elle traitait des féminicides de Ciudad Suarez en 2010. Ce fut son acte de naissance au Festival dont elle est depuis l’héroïne et la criminelle absolue. Si Liddell nourrit l’art de sa vie, que lui reste-t-il à elle ? Peut-être sa mort. Et que peut-elle en faire ? La réponse se trouve du côté du cinéaste Ingmar Bergman, point de départ de l