L’entrée en matière est déroutante. A l’accueil, le réceptionniste refuse de prévenir Angélica Liddell que son rendez-vous est arrivé. «Comment voulez-vous que je la prévienne ? Je ne sais pas si elle est dedans, si elle est dehors ! Si elle est dedans, peut-être qu’elle dort.» C’est d’une logique imparable. On a tout le temps de se demander quels mots convoquer pour dire à Angélica Liddell, artiste espagnole dont la pièce fait fureur à Avignon, que Liebestod, sa dernière création, est une splendeur. Oui, quels mots, puisque dans cette dernière pièce, elle fustige et honnit ses admirateurs ? La voici, un bijou de masque en dentelle où elle a accroché différents médaillons et breloques devant le visage. Angélica Liddell sort à peine de scène. Plus douce, plus souriante, plus disponible, plus délicieuse, ça n’existe pas. Oui, riante, même lorsqu’elle parle du suicide qui viendra obligatoirement le jour où elle ne montera plus sur scène. Entretien en espagnol traduit simultanément en français.
«Tomber amoureux n’est pas une affaire de volonté», dites-vous. Mais être sur une scène ?
C’est au-delà de la volonté. Pendant les répétitions, on établit un périmètre dans lequel se développe un rituel. Face au public, la conscience est peu à peu dépassée. Cela dépend des esprits, des fantômes, qui se promèn