Proposition double, adaptation risquée aux allures de manifeste théorique, ce spectacle du Belge Ivo van Hove, repris en français après sa création il y a une dizaine d’années, est à la fois trop simple et trop compliqué, juxtaposant avec les mêmes acteurs deux œuvres du cinéaste suédois Ingmar Bergman. Après la répétition date de 1984, et campe dans son bureau un metteur en scène aux prises avec deux comédiennes qu’il dirige dans une nouvelle production – une jeune, qu’il désire manifestement, et une plus âgée, ancienne maîtresse sur le déclin. Persona, chef d’œuvre absolu du cinéma sorti en 1966, met en scène une actrice devenue soudainement muette, et sa relation tumultueuse et fantasmatique avec une jeune infirmière le temps de quelques jours de cure. Difficile d’oublier pendant la représentation la patte de Bergman, et de pardonner à Van Hove – qui souvent fait siens films et scénarios – la manière dont il la fait dévier pour la faire coïncider autoritairement avec la sienne, cérébrale, cruelle, toujours en surplomb.
Dans la salle toute neuve et mondainement remplie du Théâtre de la Ville, et dans un décor typique d’Ivo Van Hove – bureau gris, mobilier triste, lumière blanche – étonne d’abord une irruption : celle du corps et de la voix de Charles Berling, qui décale d’emblée le grand œuvre du côté du boulevard. L’homme de théâtre qu’il campe, un poil cabot, tortille son corps de canapé en fauteuil et tourne face à ses partenaires féminines (Emmanuelle Berc