Ils étaient venus passer la nuit dans la cour d’honneur du Palais des papes, 22 heures-6 heures du matin, devant la féerie du Soulier de satin de Paul Claudel, mais c’était sans compter avec le ciel. «Je ferai les points météo», prévient au début du spectacle Serge Bagdassarian dans son rôle d’Annoncier. Rires du public. «Ne vous inquiétez pas, il y aura peut-être des acteurs qui joueront sous plastique, mais on jouera !» La magie du théâtre, ça doit être ça. La première Journée (la pièce de Claudel en contient quatre, comme autant de chapitres) fut sauvée, avec la mise en place des amours contrariés de Doña Prouhèze (Marina Hands), épouse du juge Pélage, et Don Rodrigue (Baptiste Chabauty), dans une nouvelle version de la mise en scène d’Eric Ruf.
La scène de la Comédie-Française était accrochée de grandes toiles peintes… impossible de reproduire ces suspensions dans la cour, exit la sublime scénographie d’étoffes, vive l’horizontalité superbe du plateau, et le jeu avec les fenêtres de la façade pour gagner de la hauteur. Moment magique : Marina Hands, toujours aussi incandescente