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Théâtre

«Article 353 du code pénal» : au théâtre du Rond-Point, c’est la loi du plus fort

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Après le succès de son adaptation de «Réparer les vivants», Emmanuel Noblet met en scène un roman de Tanguy Viel qui relate le jugement d’une affaire d’escroquerie. Une fable politique sur fond de lutte des classes aux accents mystiques.
Emmanuel Noblet et Vincent Garanger. (Jean-Louis Fernandez)
publié le 26 janvier 2025 à 21h34

C’est un type qui passe aux aveux, simplement, sans résister, devant un autre qui ne lui ressemble pas. Un type en veste de cuir sur col camionneur, au physique quelconque, un homme «ordinaire» comme il le répète, qui parle pendant une heure trente dans une sorte de fosse pierreuse d’un mètre de profondeur, une fosse qui est aussi le bureau d’un juge, une fosse qui est aussi le plateau du théâtre. Un type qui parle, et c’est presque tout, dans ce spectacle honnête au sens fort, une honnêteté qui fait à la fois sa force et sa limite.

Emmanuel Noblet avait connu un grand succès avec son adaptation de Réparer les vivants, le roman lui-même célébré de Maylis de Kerangal. Un seul en scène dont il retrouve la simplicité et la concentration dans cette adaptation du roman de Tanguy Viel paru en 2017. L’histoire de Martial Kermeur, un ancien ouvrier d’un port du Finistère qui vit seul avec son fils Erwann, arnaqué par un certain Antoine Lazenec débarqué un jour dans le bourg avec une Porsche et des projets immobiliers formidables pour la côte. Un démon, comme le dit Kermeur, qui l’a ruiné, humilié auprès de son fils, et l’a poussé au crime : car s’il se trouve cet après-midi-là dans le bureau d’un juge, c’est que Kermeur a balancé