Le public est bon, affable, il aime qu’on s’occupe de lui, il rit d’être pris pour un enfant, le rendez-vous est donné devant les salles du théâtre du 11 parce qu’il pourrait se perdre en allant au lycée Mistral à Avignon pourtant à deux pas. On le lui promet, la marche ne sera pas longue, et on lui demande d’enfiler, comme lors d’une sortie d’un centre aéré, un collier jaune fluo du plus bel effet, le spectacle a déjà commencé, il ne faudrait pas que l’animatrice égare l’un des spectateurs, elle joue à rappeler ses rangs à l’ordre, restez sur le trottoir, attention aux voitures ! Le public est plutôt âgé, mais ni la petite marche sous la canicule ni de retomber en enfance, ne le met de mauvaise humeur. Il s’installe avec une certaine joie dans une salle de classe pour recevoir un vrai-faux cours d’allemand.
Les journalistes – il nous arrive de parler de nous au pluriel et au masculin – sont méchants, bottent en touche, ne chantent pas quand on leur demande de chanter, ne livrent aucune réponse quand la fausse prof leur pose une question, on n’entend pas le son de leur voix, ils ont gardé une âme d’ado. On vérifie encore une fois cette rengaine en sortant du show pourtant bluffant dans son genre, porté par Laura Gambarini, dans la sélection suisse, The Game of Nibelungen.
Elle écrit son nom au tableau comme une vraie prof, elle ne nous parlera qu’en allemand, c’est comme ça qu’on apprend une langue, elle distribue des bons points, et sait génialement manier plusieurs ac