«Décloisonner», «gommer les frontières», «mélanger les genres» : si ces objectifs sont de plus en plus régulièrement revendiqués dans le monde du spectacle vivant, peu de créations peuvent se targuer de présenter la polyvalence de Baro d’Evel. C’est autour du cirque que se sont rencontrés les fondateurs de cette compagnie franco-catalane basée aux portes des Pyrénées. La discipline a longtemps été dénigrée par la culture institutionnelle, mais depuis quelques années les arts de rue sont revalorisés et, cet été, Qui som ?, leur dernière création, est au programme du «in» d’Avignon. «Tout un symbole», reconnaît Camille Decourtye.
Les mots sont matière
C’est en 2006 qu’elle et son compagnon, Blaï Mateu Trias, prennent la direction artistique du jeune collectif Baro d’Evel. Elle, cavalière et gymnaste ; lui, fils de clown passionné par les arts plastiques : leur univers bigarré entremêle acrobatie, peinture, poésie, musique. A leur sortie d’école, le couple délaisse rapidement la virtuosité acrobatique (même si leurs spectacles sont toujours émaillés de prouesses techniques) pour se consacrer à quelque chose de «plus fragile», une recherche de l’intangible, d’un «point de rebond avec le monde». Cette quête passe par le corps, véritable matrice : «C’est en l’engageant qu’on trouve quoi convoquer, explique encore Camille Decourtye. Le geste ci