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Scènes

Au théâtre de la Bastille, Pierre Molinier monté à cru

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Le théâtre reprend une pièce de Bruno Geslin fondée sur des entretiens tardifs avec l’artiste caustique et libidineux, qui s’est suicidé il y a bientôt cinquante ans.
Molinier, son vit, son œuvre. (Jean-Louis fernandez)
publié le 13 février 2023 à 3h02

Fin mars, le Fonds régional d’art contemporain (Frac) de Bordeaux inaugurera l’exposition «Molinier rose saumon», consacrée à l’œuvre libidineuse et torve du photographe et peintre Pierre Molinier. Un «best-of» préfigurant d’autres initiatives qui, courant 2026, devraient marquer le cinquantième anniversaire de la mort de l’administré – lequel passa l’essentiel de sa vie en Gironde, bien que né à Agen. Mais qu’aurait inspiré au juste un tel déploiement à cet homme qui, de son vivant, considérait avec causticité le biotope local, après que, ayant participé à l’émergence de la Société des artistes indépendants bordelais, il en soit devenu une sorte de paria – façon victime expiatoire, sacrifiée sur l’autel de la bienséance ? Eh bien gageons qu’il serait parti dans un de ces éclats de rire qui jalonnaient sa conversion, lui l’indomptable trublion qui, souffrant d’un cancer de la prostate, jugea préférable de se faire sauter le caisson le 3 mars 1976, en précisant : «Je me donne volontairement la mort et ça me fait bien rigoler.»

De tout cela, comme de pas mal d’autres points éclairant à la première personne du singulier le parcours effréné de Pierre Molinier, il est bien sûr question au théâtre de la Bastille dans Mes jambes, si vous saviez, quelle fumée…. Un «biopic» chronologique, fondé sur des entretiens tardifs, qui par les mots et les images, mais auss