Sur le marché théâtral de l’extinction générale, il y a du monde, et du beau – on se rappelle le dernier Festival d’Avignon, saturé de prophéties lugubres et de fins du monde en tous genres. L’acteur et metteur en scène Vincent Macaigne y va de sa propre apocalypse alors qu’on ne l’attendait plus, sept ans – chiffre biblique ! – après sa dernière création, Je suis un pays, un spectacle comme il en avait alors l’art, à la fois virtuose et horripilant : celui de jouxter avec voracité une multitude de textes, gestes et dispositifs dans un singulier fatras grand-guignolesque hurlant et sanglant. Beaucoup d’attente entourait donc cet Avant la terreur librement adapté du Richard III de Shakespeare, un monstre pour un monstre, qui se révèle finalement bien inoffensif.
Canon à serpentins
Dans un cube sanitaire blanc aux murs salis de noir, une poignée d’acteurs transforment la vaste épopée shakespearienne en une longue gueulante familiale, qui voit s’écharper un Richard amoureux idiot d’Anne, jaloux de son frère Cl