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Scènes

Avec «A Simple Space», Gravity & Other Myths plane haut à la Villette

La compagnie australienne présente jusqu’au 31 décembre des acrobaties époustouflantes et redouble d’inventivité dans un show joyeusement régressif.
Cela fait maintenant presque dix ans que la compagnie australienne Gravity & Other Myths promène «A Simple Space». (Steve Ullathorn)
publié le 15 décembre 2023 à 19h37

En littérature, on appellerait ça un best-seller. Et sur scène, un triomphe, aussi durable que modestement justifié. Cela fait maintenant presque dix ans que la compagnie australienne Gravity & Other Myths, créée en 2009, promène A Simple Space. Une moisson qui, couvrant tous les continents, a déjà traversé 34 pays pour un total de représentations avoisinant le millier. Et partout, imagine-t-on, la même ferveur transgénérationnelle. Hier aux Etats-Unis, au Canada, ou encore en Chine, voici donc la troupe leste de retour à l’espace chapiteaux de la Villette, où elle avait naguère posé ses valises.

Quatre ans après Backbone, c’est désormais dans une formule un peu resserrée (sept circassiens au lieu de dix, un musicien au lieu de deux) que les acrobates s’en reviennent épater la galerie dans un espace lui-même restreint (une sorte de ring, presque carré) qui semble les inciter à redoubler d’inventivité. «Quelque chose de viscéral, plutôt que cérébral», explique la note d’intention de la compagnie. «Au lieu d’enrober la performance de maquillage, de lumières et d’une théâtralité artificielle, nous avons délibérément choisi de partir dans la direction opposée.» Laquelle va donc d’autant plus loin dans la prouesse qu’on a, dans le dénuement préconisé, rien d’autre à faire que saluer des portés acrobatiques réellement époustouflants, où les sourires oblitèrent la notion même d’effort pourtant manifeste.

Joyeusement régressif, le show suggère une cour de récréation vertigineuse où, parmi les rares accessoires, les cordes à sauter comme les balles colorées qu’on se lance incitent les cinq garçons et deux filles à se challenger en compétiteurs aussi désireux de remporter le défi, que solidaires dès l’instant que les figures – qui culminent parfois plusieurs mètres au-dessus du sol – l’exigent. A la fin du spectacle, l’escadron d’Adélaïde prend même la peine de saluer le public qui quitte le chapiteau. L’air pas plus éreinté que celles et ceux qui viennent de les acclamer.

A Simple Space de Gravity & Other Myths, espace chapiteaux de la Villette (75019). Jusqu’au 31 décembre.