Faut-il vraiment céder à cette pulsion dévorante qui pousse à sortir du rang pour explorer le monde ? On ne serait pas mieux à rester là, peinards, dans le troupeau ? Le personnage principal de The Sheep Song aurait peut-être dû revoir son plan, se dit-on, vu le calvaire enduré par ce mouton désirant, partout puni d’avoir rêvé au-delà de sa condition : quittant ses pairs pour vadrouiller en ville et entamer son parcours initiatique, le voici projeté dans un monde de vices, de péchés, d’humains à sexes turgescents qui violent les femmes et volent les enfants. The Sheep Song est une fable animalière muette mais ne ressemble pas vraiment à Shaun le mouton. La martyrologie qui s’y déploie, néanmoins, n’a pas semblé refroidir les salles du Festival d’Avignon, qui applaudissent en ce moment même chaleureusement le FC Bergman, ce talentueux collectif flamand connu pour la richesse fastueuse de ses images, amoncelées sous forme d’allégories ou de métaphores dans de chatoyantes scénographies.
Troubadour à poil
Leur nouveau spectacle en est rempli et l’on s’émerveillait d’abord de cette séquence d’ouverture, avec cette énorme cloche suspendue au-dessus du parterre de spectateurs, actionnée depuis le plateau par un troubadour à poil, les bras et le visage simplement recouverts d’un voile rouge. Puis avec ce vrai troupeau de moutons de Vaucluse, bêlant sur la scène du théâtre de Vedène. Mais finalement de moins en moins d’émerveillement, le long de ce parcours narratif sur tapis roula