Il s’adresse en arabe aux acteurs montpellierains réunis sur le plateau, elle traduit illico en français, louvoyant comme un chat entre les respirations du jeune homme, épousant parfaitement son phrasé. Vu le niveau d’écoute et de fluidité entre eux, on pensait que les deux jeunes artistes travaillaient ensemble à Haïfa depuis des années. «C’est vrai qu’on matche bien», mais non, rectifie Sandy Ghazarian : elle est libanaise, de Beyrouth, installée en France depuis deux ans. Etudiante en master arts du spectacle, elle a juste été invitée par la Biennale des arts de la scène en Méditerranée à assister l’auteur et metteur en scène Bashar Murkus, qui ne parle que peu le français, le temps d’un stage qu’il propose ici, à Montpellier, aux comédiens de la Bulle bleue. Sandy Ghazarian, bien sûr, «adorerait» venir travailler un jour dans le Théâtre Khashabi que ce Palestinien à peine trentenaire a fondé chez lui, un des seuls espaces de production indépendant, destiné aux minorités arabes en territoire israélien. Mais la géopolitique étant ce qu’elle est, leur rencontre ne pouvait avoir lieu qu’hors des frontières de leurs pays natals. Et ainsi sourient-ils devant nous, sous les cyprès et pins parasols insolemment paisibles d’Occitanie, l’air de dire «que voulez-vous ?»
A l’intérieur du théâtre résonne un des tubes les plus énergisants de Dam, célèbre groupe d’électro hip-hop palestinien. Sandy Ghazarian a choisi ce titre pour échauffer la dizaine d’acteurs français, co