Il faut penser Bérénice, se disent les metteurs en scène qui montent aujourd’hui cette tragédie sans mort ni sang, où rien ne se passe, trio amoureux déceptif entre Titus, nouvel empereur de Rome, son ami Antiochus roi de Commagène, et au milieu Bérénice, reine de Palestine. Le premier n’épousera pas la dernière ; la raison d’Etat le lui interdit. Le second n’en est plus aimé et déclare son départ. Bérénice ou la tragédie des amours empêchées, chronique d’une solitude annoncée. A l’automne, Romeo Castellucci l’avait prise au pied de la lettre : Bérénice doublement quittée par l’homme qu’elle aime et celui qu’elle n’aime plus ? Sans amants, sans leur texte, Isabelle Huppert s’exposait seule dans l’espace du Théâtre de la Ville, en reine conceptuelle, machine célibataire au texte isolé.
Sur la scène étroite du Vieux-Colombier, Guy Cassiers change le point de vue, et se focalise sur les deux hommes jusqu’à les concentrer en un seul acteur, Jérémy Lopez ; il lui suffit de tomber le manteau pour passer de Titus à Antiochus, la masculinité serait une affaire de costumes signés Anna Rizza. La pièce s’organise autour de ce coup d’é