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Libération
Financement de la culture

Budget 2024 : les économies dans le spectacle vivant engendreraient une baisse de 54 % de représentations l’an prochain

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L’association des professionnels de l’administration du spectacle estime que les représentations diminueront de plus de moitié l’année prochaine, en comparaison avec la saison actuelle. Une prévision qui s’ajoute à la liste d’effets négatifs des coupes budgétaires opérées dans le spectacle vivant.
Manifestation du secteur public à l'appel de huit syndicats représentatifs, le 19 mars à Paris. (Valérie Dubois/Hans Lucas. AFP)
publié le 8 avril 2024 à 15h39

Une enquête confirme les conséquences désastreuses des coupes budgétaires dans le milieu culturel – en substance, une baisse de crédits de 204,3 millions d’euros pour le ministère de la Culture. L’Association des Professionnels de l’Administration du Spectacle (LAPAS) a publié le mercredi 27 mars les résultats d’une «enquête flash» effectuée parmi ses adhérents, selon laquelle la saison 2024/25 compterait 54 % de représentations de moins que la précédente.

Une prévision qui confirme ce qu’Arnaud Antolinos, directeur adjoint du théâtre de la Colline, nous expliquait la semaine dernière : quand le budget diminue, les artistes sont les premiers à en pâtir. Ce que Wajdi Mouawad, directeur du théâtre de la Colline, expliquait déjà sur France Inter le mercredi 3 avril, «ces coupes signifient moitié moins de spectacles, moitié moins de créations, […] et que ce sont les jeunes générations d’artistes qui vont écoper». Dans les faits, Arnaud Antolinos a déploré refuser de plus en plus de sollicitations de compagnies, alors que son théâtre accuse une amputation de 500 000 euros dans son budget 2024.

En plus de la question des représentations, l’APAS rapporte également un mal-être chez les artistes, parmi lesquels 22 % réfléchissent à arrêter leur carrière ou dissoudre leur compagnie, le manque grandissant de perspectives ou de viabilité de leur activité étant à mettre en rapport avec fla grande instabilité du secteur : «27 % des bureaux de production et 40 % des compagnies ne pensent pas pouvoir maintenir les emplois du personnel administratif tels qu’ils sont aujourd’hui», rapporte l’association.

Pour remédier à ces changements, 25 % des artistes interrogés comptent travailler plus pour le même salaire et 5 % travailler autant pour un moindre salaire. Si le ministère de la Culture estime ses coupes «soutenables», sans «conséquences opérationnelles» sur les projets en cours, LAPAS les qualifie d’une toute autre manière, évoquant «une casse sociale et une casse artistique».