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#MeToo

«J’ai peur pour Coline» : Catherine Hiegel témoigne de violences conjugales infligées par Richard Berry

Dans une publication Instagram, la comédienne a évoqué des coups subis à l’époque où elle était enceinte et en couple avec l’acteur. Elle s’en est ensuite expliquée dans un article du «Monde» ce mardi 28 mai.
C’est la première fois qu’elle s’exprime aussi directement sur les violences commises par le comédien de 73 ans aujourd’hui, qui a lui même reconnu avoir battu sa femme dans "Le Monde" en 2021, sans être réinterrogé sur la question plus tard. (Bertrand Guay/AFP)
publié le 24 mai 2024 à 13h49
(mis à jour le 28 mai 2024 à 14h44)

Des faits déjà connus à grands traits mais pas dans le détail. Dans une publication du compte Instagram «Après les violences», datée du jeudi 23 mai, la comédienne Catherine Hiegel dénonce les violences conjugales subies au moment où elle était en couple avec Richard Berry, bien qu’elle ne le cite pas nommément. Les yeux droits dans l’objectif, l’actrice tient un bloc de papier sur lequel elle décrit les abus : «Il cogne ma tête contre le lavabo, recousue à l’arcade ; plusieurs gifles bien sûr… La dernière enceinte de sept mois m’explose le tympan. Coline se retourne dans mon ventre. Condamnée à une césarienne. Je n’ai pas porté plainte, je l’ai quitté !!»

«J’ai fait cette photo pour ma fille, je n’en peux plus de l’attitude de son père [Richard Berry, ndlr] et de Jeane Manson», a ensuite souligné Catherine Hiegel au Monde ce mardi 28 mai.

C’est la première fois qu’elle s’exprime aussi directement sur les violences qu’aurait commises le comédien âgé de 73 ans aujourd’hui, qui a lui-même reconnu avoir battu sa femme dans les colonnes du Monde en 2021, sans y revenir par la suite. C’est dans cet article que la fille des deux comédiens, Coline Berry-Rojtman, a rendu publiques ses accusations. Elle dénonce les relations incestueuses imposées par son père dans son enfance (entre 1984 et 1985), plus précisément des baisers sur la bouche avec la langue de son père et des «jeux sexuels» auxquels elle devait se soumettre, également en compagnie de sa belle-mère de l’époque, la chanteuse Jeane Manson.

«Seuls mes amis étaient au courant»

Depuis, Jeane Manson a poursuivi Coline Berry-Rojtman en justice pour diffamation. Si cette plainte a abouti à deux premières condamnations en première instance et en appel, la Cour de cassation a annulé en décembre 2023 la condamnation de Coline Berry-Rojtman et renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Lyon. La plainte de la fille de Catherine Hiegel et Richard Berry dénonçant des faits de viols et agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par ascendant et de corruption de mineur a, elle, été classée sans suite pour cause de prescription.

Coline Berry-Rojtman a été soutenue par sa mère pendant ces procédures. Cette dernière explique au Monde : «Pendant toutes ces années, je n’ai jamais fait un étendard de ce que j’ai vécu, seuls mes amis étaient au courant, mais aujourd’hui j’ai peur pour Coline, devenue anorexique. Son père et Jeane Manson ont dit de telles horreurs sur elle, la traitant de mytho et de menteuse. C’est pour ça que j’ai accepté de faire la photo», ajoutant n’avoir pas porté plainte à l’époque par «honte». Aujourd’hui, elle affirme ne «plus supporter l’imposture».

Au Monde, Richard Berry fait savoir, par l’intermédiaire de son avocat, qu’il «s’inscrit en faux contre le texte publié sur Instagram et conteste fermement les accusations de Catherine Hiegel», précisant qu’il n’a reconnu que «une claque» au Monde en 2021. «Ce n’est pas justifiable mais c’est parce qu’elle l’insultait, le traitait de “sale juif”. Catherine Hiegel était constamment ivre pendant sa grossesse», ajoute Franck Berton, avocat de Richard Berry.

C’est d’ailleurs Coline Berry-Rojtman qui a mis en contact Catherine Hiegel avec le photographe Marc Melki, derrière le compte Après les violences. Depuis le 3 juillet 2022, il publie sur le réseau social des clichés de victimes de violences conjugales. Son intention : «[Revenir] sur le moment où tout a basculé, sur la fois de trop qui les a poussées à quitter leur conjoint devenu violent pour elles comme pour leurs enfants. La fois où elles ont pu dire stop. Le déclic. Elles sont toutes sorties des violences conjugales parfois après des années d’emprise et de calvaire.» Quand certaines ne peuvent pas prendre la parole, il demande à des célébrités de poser pour elles, comme Nagui, Anna Mouglalis ou Bruno Solo.

Mise à jour : ce mardi 28 mai à 14h44, avec l’ajout des déclarations de Catherine Hiegel auprès du Monde.