Isabelle Huppert interpellée, huée, moquée sur la scène du Théâtre de la Ville à Paris pour les représentations à guichets fermés d’un Bérénice signé du grand metteur en scène Romeo Castellucci. Avec, en particulier, ce cri du cœur déchirant la salle Sarah-Bernhardt lors d’une soirée chahutée (la météo clémente dehors invitait à boire des verres en terrasse) : «On comprend rien à ce que tu dis, Isabelle !» Libération a publié une tribune signée des écrivains Mathieu Bermann et Anthony Berthon exprimant leur émotion devant tant d’indélicatesse pour l’actrice et pour le respect dû à une œuvre. Il est vrai qu’on peut s’abstenir d’appeler madame Huppert par son prénom, surtout, si on ne la connaît pas personnellement, et alors qu’elle s’escrime seule sur scène avec des vers écrits au XVIIe siècle sans souffleur ni oreillette de secours.
Mais quand même, il ne faut pas surjouer l’émotion ou l’étonnement. Les tickets du spectacle se sont vendus si vite que le serveur du Théâtre de la Ville est tombé en rade face au nombre de connexions, car pour la première fois étaient réunies deux figures cardinales de l’intransigeance et de la provocation, peu connues l’une et l’autre pour chercher à caresser le public dans le sens de ses désirs de divertissement relaxant même si, c’est vrai