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Libération
Interview fournaise

Christian Lacroix au Festival d’Avignon : «Il n’y a rien de plus triste qu’un costume “qui ne joue pas”»

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Le couturier habille les personnages du «Soulier de satin» de Paul Claudel, mis en scène par Eric Ruf. Ses costumes-monde déambuleront, de nuit, huit heures durant, dans la Cour d’honneur du palais des Papes, pour les six représentations de la pièce.
Le couturier Christian Lacroix, à la Comédie-Française, en décembre 2014. (Sandrine Roudeix/Abaca)
publié le 18 juillet 2025 à 8h57

Ses créations sont l’événement de la mise en scène d’Eric Ruf du Soulier de satin, des costumes-mondes comme autant de microthéâtres pour six nuits dans la cour d’honneur du palais des Papes. Mais pour l’heure, Christian Lacroix reste chez lui, à Arles, à vingt minutes d’Avignon ; encore trop de travail pour ce costumier, metteur en scène, dessinateur, qui vient de terminer 200 collages réencrés pour l’édition illustrée du Miroir d’astrologie de Max Jacob et Claude Valence (Gallimard, 2024) et expose 140 costumes de scènes au Centre national du costume et de la scène à Moulins-sur-Allier.

Un costume en retard c’est possible ?

En couture, le retard était à la fois une angoisse nécessaire et une qualité d’adrénaline intrinsèque au processus. Lorsque, pour calmer les ateliers qui me pressaient de commencer, je lâchais deux ou trois croquis parmi les centaines entre lesquels je ne savais pas encore choisir, ces modèles trop précoces finissaient par avoir des airs d’ovnis ou de vilains petits canards dans le reste de la collection qui avait suivi son propre rythme, sans précipitation, comme un «précipité» chimique, vive et malléable jusqu’à la dernière seconde avant le défilé. Au théâtre depuis deux ou tro