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Théâtre du Châtelet

De retour en France, la comédie musicale «les Misérables» séduit sans révolutionner le genre

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Quarante ans après l’originale et le colossal succès de son adaptation anglaise, Ladislas Chollat livre une mise en scène efficace, mais sage, de la comédie musicale inspirée d’Hugo.
Adaptation de la comédie musicale d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, «les Misérables» sont au théâtre du Châtelet, à Paris, jusqu'au 2 janvier. (Thomas Amouroux /Théâtre du Châtelet)
publié le 26 novembre 2024 à 18h14

Sur l’affiche du spectacle donné au Châtelet, la petite tête de Cosette dessinée par Victor Hugo lui-même semble scruter avec inquiétude la réaction de son public : il faut dire que la comédie musicale, qui fait pleurer dans les chaumières londoniennes depuis près de quarante ans n’a jamais pris en France, où elle est pourtant née en 1980, sous la plume d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg. On dit que le public français serait trop attaché à la lettre hugolienne pour la voir dévoyée dans une forme aussi populaire ; gageons plutôt qu’on ne lui a jamais donné les moyens d’être vraiment bien montée, dans un paysage théâtral hexagonal peu enclin à produire ces formes musicales, et qui voit très récemment en fleurir davantage. Elle trouve dans cette nouvelle production mise en scène par le champion du théâtre privé Ladislas Chollat une vraie efficacité, qui tient sans doute à un savant mélange entre l’esprit français et la tradition anglo-saxonne.

La salle est comble, les reprises assurées. Sous les ors du théâtre trois heures durant, ça chante (bien), ça danse (peu), les décors changent avec une fluidité remarquable, parfois nimbés de visions sombres, qui reconstituent sur le plateau des esquisses de Victor Hugo, comme la trace du grand auteur, dans ce qui ressemble à une compilation plutôt bien foutue de ses thématiques. Jean Valjean en est le cœur battant, interprété par un certain Benoît Rameau à la prestance évidente et à la voix digne d’un ténor d’opéra. Ex-bagnard pou