«Ooommm, Ooommm…» : Sébastien Barrier fait ses gammes, façon moine tibétain, dans les toilettes du couloir qui font office de loge. A quelques minutes d’un seul en scène littéralement habité par le flow electro-punk du groupe anglais Sleaford Mods, il s’agit de s’échauffer correctement la voix avant de passer en mode staccato. Dans cette salle de classe, au 3e étage du lycée Jacques-Decour, avenue Trudaine à Paris, où s’est invité le Festival Paris l’Eté début juillet, on est loin des Midlands du duo prolétaire classieux de Nottingham. Mais le performeur halluciné téléporte immédiatement le public grisonnant dans sa meilleure vie de fan des Sleaford Mods, en épelant lettre après lettre, avec espace, le nom de son groupe préféré. Il arrive sur scène en marmonnant une mélodie, s’équipe d’une grosse caisse avec baguettes et entame le monologue divagatoire, rythmé de «Fuck», «Prick», «Cunt» – et autres noms d’oiseaux british –, de «Dear Jason, Dear Andrew», le titre de son nouveau spectacle qui sera, on l’espère bien, l’une des attractions du Off d’Avignon.
Débit mitraillette
«La première fois que j’ai entendu un morceau des Sleaford Mods, c’était en 2017. J’étais au volant de mon corbillard, mon van déglingué qui me distingue entre autres choses des macronistes en doudoune et des bobos avec leurs fuckin K-Way» : surgie de nulle part sur la route, la voix pleine de gouaille de Jason Williamson scandant «Jobseeker» sur le beat d’infrabasses concocté par son compère