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Scène

Entre extermination et exil, deux pièces de théâtre qui plongent les yeux dans les aïeux

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«Jérusalem» et «On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto…» à l’affiche à Paris, explorent avec justesse, force mais aussi humour l’impact des traumatismes familiaux sur le rapport à l’autre d’enfants de survivants de la Shoah ou d’exilés de la Nakba.

Eric Feldman dans sa pièce «On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie». (DR)
Publié le 15/09/2025 à 12h49

Comment la souffrance et le traumatisme se transmettent à travers les générations empêchant toute compréhension de l’autre, un autre que l’on croit connaître mais dont, au fond, on ne sait rien. C’est le thème de deux pièces qu’il est sain de voir aujourd’hui, à l’heure où colère et douleurs rongent une bonne partie du Proche-Orient, et du monde tout entier d’ailleurs, menaçant de se transmettre à nouveau aux générations futures et d’accroître davantage encore les fractures identitaires et surtout la perte des mémoires.

«Incarner ces deux souffrances»

Jérusalem a été écrit par Ismaël Saidi en juin 2022, plus d’un an avant l’attaque du 7 Octobre. L’histoire d’un Palestinien qui doit quitter sa maison de Jérusalem, un tribunal ayant décrété que les clés en revenaient à une jeune Québécoise juive de Montréal. Alors que celle-ci débarque et qu’ils se font face, représentant deux mondes qui s’affrontent car persuadés d’être différents l’un de l’autre, une éclipse solaire provoque un drôle de phénomène : les âmes de leurs ancêtres respectifs, une rescapée de la Shoah et un exilé de la Nakba, prennent possession de leur corps, les forçant à revivre toutes les souffrances vécues et à les raconter à l’autre qui, les découvrant, tombe des nues. On oscille tout au long de la pièce entre passé et présent,