Le Conservatoire est un monde à part, vécu parfois comme un cauchemar d’exigence et de travail, par d’autres comme un rêve pour les mêmes raisons. Pour la majorité des élèves musiciens qui ne deviendront pas professionnels, que reste-t-il de ces milliers d’heures passées sur l’instrument ? De l’apprentissage du solfège, des répétitions, de la chorale ou des examens de fin d’année ? C’est à cette délicate question que s’attellent l’auteur Alexandre Koutchevsky et son metteur en scène Jean Boillot dans Quatre Mains.
Jean, personnage absent de la pièce, lance un défi à deux anciens camarades du Conservatoire : alors qu’ils ne se sont pas vus depuis trente ans, il leur demande de se retrouver près d’un piano à la gare de Troyes pour répéter la Fantaisie en fa mineur de Franz Schubert, une pièce à quatre mains. Les deux personnages, Aline (Aline Le Berre) et Elios (Elios Noël) acceptent la gageure de leur camarade qui leur promet, en bout de course, un concert de retrouvailles dans leur ancien conservatoire commun, à Nice.
Bien que leurs doigts soient rouillés, chacun travaille dans son coin à sa façon. Aline est sérieuse, s’applique avec acharnement. Elios est plus dilettante. Au fil des semaines et des répétitions chez l’un et chez l’autre, le souvenir de leur jeunesse se rejoue au piano, côte à côte sur le même banc. Le duo recrée à sa façon les «Schubertiades» version sage, ces fêtes données autour et avec Schubert pour faire de la musique, boire, manger et parler