La réussite d’un spectacle se mesure-t-elle à son caractère mémorable ? Pas forcément. N’écrit-on que sur les traces mnésiques que laisse une représentation et non sur la pièce elle-même ? Probablement. Mais alors que faire quand le metteur en scène a le chic pour construire un micromonde polyphonique, véritable piège pour la mémoire, dont les éléments semblent s’effacer au fur et à mesure de leur déroulement, purs instants à la perfection fugace ? Micromonde beaucoup trop subtil pour se laisser attraper par une narration ou un fil d’Ariane et qui exige au contraire du spectateur qu’il baisse la garde, se laisse envelopper par l’atmosphère sonore et visuelle, et ne cherche surtout pas à plaquer du sens sur ce qu’il voit et entend. C’est en tout cas le défi que nous lance le Sommet, la dernière création du metteur en scène suisse Christoph Marthaler, qu’on a pu voir à Vidy, en Suisse, scène qui l’a initiée et coproduite, tout comme le Piccolo Teatro en Italie, et la MC93 en France, détails qui ont leur importance, puisque la pièce rassemble des interprètes des trois pays pour un sommet au sommet d’une montagne qu’on suppose helvète.
Ils sont six et ne se comprennent pas, c’est bien ce qu’on comprend. Sauf lorsqu’ils chantent. Et ils sont de plus i