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Libération
Critique

Festival d’Avignon 2025 : «Les Perses» de Gwenaël Morin, le beau vers à moitié vide

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Le metteur en scène, artiste associé au festival depuis 2023, poursuit avec Eschyle son travail sur les grands textes, les évidant et les fragilisant pour leur donner paradoxalement plus de corps et de verbe.
Considérée comme la plus ancienne pièce du théâtre occidental, «les Perses» d’Eschyle surprend par sa brièveté et sa concentration. (Christophe Raynaud de Lage/Festival Avignon)
publié le 10 juillet 2025 à 16h13

Creuser ? Bâtir ? Un sous-titre en forme de mode d’emploi – «démonter les remparts pour finir le pont» – accole malicieusement à la tragédie l’idée d’un attentat inversé au grand trésor avignonnais : cet édifice demi-écroulé qui ne relie plus rien. Sur le sol terreux du jardin qui surplombe la Maison Jean-Vilar, on a tracé à la craie blanche deux cercles – amorce de rosace, qu’on nous demande de contourner en gagnant nos sièges pour ne pas l’effacer. Deux cercles dont toute la question est de savoir s’ils sont vides ou s’ils sont pleins, s’ils vont figurer les trous dans lesquels été après été Gwenaël Morin bazarde toutes les choses du théâtre, ou s’ils vont se gonfler du souffle de la fable épique. La très grande beauté du spectacle tient précisément au fait qu’il s’agit de faire les deux, sans contradiction : fonder la puissance du verbe da