Elles sont trois sur le plateau, mais il y en a surtout une qui parle. Alex (Pauline Legoëdec) raconte qu’elle a tout fait comme il faut dans la vie : elle a un petit ami, un CDI, et un appartement à Paris. «Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie !» dit-elle avec un rictus, et forcément, personne n’y croit. Au moment où celui qu’elle appelle «Chéri» l’invite à s’installer avec elle, tout s’effondre parce que ce qui l’intéresse, Alex, ce qu’elle refuse de voir et de comprendre depuis toujours, c’est qu’elle aime les filles. Mais pas seulement les filles : la vie parallèle que cela implique, avec son risque.
La force de L’ouvrir (génial titre, car forcément on pense : «ouvrir sa gueule»), c’est d’arriver à mettre en mots et en scène toutes les contradictions qui précèdent un coming out. Un interdit très grand empêche Alex d’aller vers les lesbiennes, celles qui dansent dans ce bar à Paris et qui fument sur le trottoir, celles qui s’assoient jambes ouvertes sans sourire. Mais il y a un autre interdit, plus grand encore et c’est celui-là qu’elle choisira de transgresser : celui de continuer de faire comme si de rien n’était. On suit le personnage dans cette dualité en forme d’émancipation, détaillée avec tendresse, drôlerie, finesse. Se raser le crâne, scène mille fois décrite chez les lesbiennes mais aussi