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Théâtre

Festival d’Avignon 2025 : Mohamed Toukabri, danse avec les normes

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Avec «Every-Body-Knows-What-Tomorrow-Brings-And-We-All-Know-What-Happened-Yesterday», le jeune danseur et chorégraphe tunisien livre une performance au cordeau, mais dont la démonstration politique, un peu faible, laisse sur sa faim.
«Il n’y aura pas de traduction» est écrit en fond, alors que, dans le danseur, impriment à sa gestuelle les rythmes et les déliés de l’arabe résonnant. (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
publié le 13 juillet 2025 à 11h08

Alors que la rareté de l’arabe dans ce festival, dont c’est la langue choisie, apparaît de plus en plus manifeste et fait grincer plus d’une dent, le solo du danseur et chorégraphe tunisien Mohamed Toukabri offre une réflexion, sans doute pas assez aboutie, mais honnête et déterminée sur le sujet. C’est une voix qui s’élève en ce début de représentation, une voix féminine synthétique qui parle anglais, puis arabe et récite un texte signé de la jeune autrice Essia Jaïbi, dont parfois la traduction manque et c’est exprès. Oui, une partie du public – une immense majorité de fait – ne comprendra pas. En effet, dans quelle langue parler ? Ne perd-on pas à transposer le sens dans une autre ? «Il n’y aura pas de traduction» est écrit en fond, alors que le danseur imprime à sa gestuelle les rythmes et les déliés de l’arabe résonnant. La danse est la langue.

Une heure durant, le corps de Mohamed Toukabri, qui vit à Bruxelles après avoir été formé en Europe chez les plus grands, expose une grammaire qu’il entend absolument personnelle, inventée contre les multiples injonctions reçues lors de son parcours : celle de s’oublier et de se plier aux exercices de la danse classique, de souscrire ensuite