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Libération
Critique

Festival d’Avignon 2025 : Wael Kadour et Olga Dukhovna, regards mix

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Brefs, inédits et radicalement différents, les spectacles du dramaturge syrien et de la chorégraphe ukrainienne sont deux variations sur l’acte d’écrire et ce qu’on doit aux œuvres qui nous ont précédés.
A gauche, la chorégraphe ukrainienne Olga Dukhovna dans «Un Spectacle que la loi considérera comme mien», à droite Wael Kadour dans «Chapitre quatre».
publié le 11 juillet 2025 à 15h10

Combien d’œuvres déjà créées, combien de pensées déjà formulées par d’autres, de gestes déjà esquissés, traversent les spectacles qui s’offrent à nous ? De manière radicalement différente, deux courtes pièces, présentées à la suite dans le beau jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph d’Avignon, viennent questionner l’écriture, les présences fantômes qu’on y fait entrer.

La première, drôle et maligne, Un Spectacle que la loi considérera comme mien, appartient au genre en vogue de la conférence performée. La chorégraphe ukrainienne Olga Dukhovna a invité sur scène une professeure de droit privé, spécialiste de la propriété intellectuelle, Pauline Léger. Dukhovna commence : «Je suis quelqu’un qui ne crée rien de nouveau.» La danseuse, formée à l’école P.A.R.T.S. à Bruxelles et qui a dansé pendant près de dix ans avec Boris Charmatz, adore recycler la danse des autres. Mais quand passe-t-on de l’hommage au plagiat ? Reprendre, c’est voler ? A partir de Trio A, pièce mythique de la chorégraphe américaine minimaliste Yvonne Rainer qui a minutieusement interdit toute reprise, Olga Dukhovna et Pauline Léger creusent les interstices du droit et les possibilités de contournement : la juriste expose les alinéas, la danseuse transcrit en gestes. Reprendre strictement les mêmes mouvements mais dans le désordre ? Danser une version parodique ? S’inspirer de Beyoncé, accusée de plagiat à plusieurs reprises, notamment