Par les temps qui courent, un petit peu d’humour britannique ne peut pas faire de mal… enfin, plutôt irlandais dans le cas présent. Ici, Kelly Rivière – renommée Ruisseau dans le spectacle – propose une autofiction, l’histoire de son obsession pour son grand-père irlandais disparu qui la hante depuis toujours. Peter O’Farrel s’est évaporé à Londres dans les années 70. Lui qui était arrivé vingt ans plus tôt avec sa femme Margaret, la laisse avec six enfants, dont Kathleen, la mère de Kelly. Et depuis, plus rien.

De son adolescence et de ses premiers émois jusqu’à l’éducation de son fils, Kelly n’a jamais pu arrêter de penser à ce parent inconnu. Elle a beau questionner chaque membre de sa famille, pas un ne lui apporte de réponses. La franco-irlandaise se lance alors dans une quête d’identité : elle décide de chercher ce mystérieux grand-père.

C’est alors un tourbillon de personnages, d’accents et de situations parfois improbables qu’elle raconte seule en scène. Car en cherchant désespérément cet homme absent, Kelly retrace plus d’un siècle d’immigration et de tensions entre l’Irlande et le Royaume-Uni. Elle parcourt ce temps où les naissances hors mariages et les divorces faisaient scandale, dans ce pays où tout le monde vous demande sans cesse, les lèvres pincées, si vous désirez une «cuppa tea». Mais qu’à cela ne coûte.

Passant aisément d’une langue, d’un âge, genre ou accent à un autre, la comédienne trace pendant tout son récit un suspense digne de film de policier – normal pour celle qui embauche une détective privée pour l’aider à retrouver Peter. Avec trois fois rien sur scène, elle recrée un arbre généalogique détaillé et plusieurs années d’anecdotes, le tout dans un spectacle entièrement bilingue. Un tour de passe-passe théâtral.