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Libération
Journal de bord

Festival d’Avignon, jour 17 : l’eau et le feu

Ce lundi, on s’enflamme pour Nemo Flouret, on se fait rincer avec «le Soulier de satin» et on fait les comptes.
«Radio Live» d'Aurélie Charon et «Derniers Feux» de Némo Flouret au Festival d'Avignon. (Christophe Raynaud de Lage)
publié le 21 juillet 2025 à 19h34

On attaque la semaine finale du Festival et déjà on a le sentiment d’avoir tout raté. Les brésiliens porno qui se fistent dans une version hardcore de l’Histoire de l’œil de Georges Bataille dans le Off, (Historia do olho de Janaina Leite à la Manufacture) ? Pas vus, et c’est peu dire qu’on nous en a parlé avec des étoiles dans les yeux. Rachida Dati qui devait venir sans jamais arriver, mais demain c’est sûr elle sera là ? Ratée, pas vue, la CGT Spectacle aura gagné, faute de combattante, la partie «Duel à OK Avignon». Le Soulier de Satin qui quitte les rouge et or de la Comédie Française pour les pierres du Palais des papes ? Raté, on aura vécu une heure trente de grâce, avant de sonner la retraite sous le déluge. Le petit restaurant super pas cher, super bon, avec des graines de je en sais quoi, qu’on nous a recommandé dans une rue derrière le Train Bleu ? Raté, on n’a pas noté le nom. L’abonnement de dix jours à la piscine de la Barthelasse pour bosser les papiers sous le soleil exactement ? Echec, on a coché six journées, manque à gagner : quarante euros. Le compte est bon. L’année prochaine on fera pire. Mais d’ici là on se retrouve mercredi pour de nouvelles aventures. Et on ne va pas se rater.

Les spectacles du jour

On adore

Derniers Feux de Nemo Flouret. Et si les plus beaux spectacles étaient ceux dont on se demande : qu’est-ce qu’on a vu ? Pyrotechnique et percussive, la nouvelle création du chorégraphe pour onze danseurs ­affole ­le regard, tambour battant. Lire notre critique.

Jusqu’au 25 juillet à 22 heures à la Cour du lycée Saint-Joseph (1h).

Radio Live d’Aurélie Charon. La guerre est au cœur des trois épisodes de Radio Live (Vivantes, Nos vies à venir et Réuni·es), le remarquable spectacle d’Aurélie Charon, productrice à France Culture. Mais la douceur aussi, la colère et encore l’humour, pointillé constant qui reliera tous les témoignages, comme la politesse de ceux qui ne veulent pas nous accabler, qui prennent encore soin de nous, le public, après tout ce qu’ils ont vécu ou vivent encore. Retrouver notre critique.

Pas mal

Gahugu Gato (Petit pays), de Dida Nibagwire et Frédéric Fisbach. Dans cette adaptation du roman de Gaël Faye, la joie de jouer des onze acteurs, danseurs et chanteurs, nés au Burundi et au Rwanda, est communicative. Mais le cauchemar du génocide ne nous parvient qu’en échos, dans cette pièce où la tension dramatique est sans cesse désamorcée. Lire notre critique.

Jusqu’au 22 juillet à 22 heures au Cloître des Célestins d’Avignon (1 h 45).

Taire de Tamara Al Saadi. La metteuse en scène met en regard l’histoire vraie d’une enfant de l’ASE séparée de sa famille d’accueil et le drame d’Antigone dans une pièce ambitieuse au texte pourtant cousu de fil blanc. Notre critique lors de sa création cet hiver.

Jusqu’au 23 juillet à 13 heures, à la FabricA (2h).

Allez-y sans nous

Le procès Pelicot, de Milo Rau. La reconstitution du procès hors norme par le grand metteur en scène suisse qui s’est tenue vendredi soir se voulait un moment historique. La pièce rate son rendez-vous en proposant une compilation sans points de vue des propos tenus. Notre critique.

On court le voir dans le Off

Dans le jardin de l’ogre, d’après le roman de Leïla Slimani. Anne-Elodie Sorlin, absolument démente, porte cette pièce sur une femme addict au sexe, qui malheureusement s’effondre dans sa deuxième partie.

A La Scala, à 21h15 jusqu’au dimanche 27 juillet, mise en scène Xavier Deranlot.

Quatre Mains d’Alexandre Koutchevsky et Jean Boillot. Que font les diplômés du Conservatoire quand ils ne deviennent pas musiciens professionnels ? Et que faire de cet amour de la musique ? Le spectacle d’Alexandre Koutchevsky et Jean Boillot questionne avec tendresse, et sur fond de Schubert, toutes ces heures passées à répéter.

Au Théâtre 11 d’Avignon, Espaces Mistral, à 10 h 45 jusqu’au 24 juillet.

Le déluge

Ils étaient venus passer la nuit dans la cour d’honneur du Palais des papes, 22 heures-6 heures du matin, devant la féerie du Soulier de satin de Paul Claudel, mais c’était sans compter avec le ciel. La représentation de huit heures mise en scène par Eric Ruf a été interrompue à cause de pluies torrentielles dimanche soir, provoquant colère, déception, mais aussi magie… Notre reporter, rincé, était sur place.

En direct

A moins d’une semaine de la fin du Festival, son directeur Tiago Rodrigues a affiché un taux de fréquentation de 96,5 %, 120 000 billets vendus et annoncé que la langue coréenne serait à l’honneur de la prochaine édition.

Les coulisses

A quoi ressemble une journée dans la vie d’une patronne de théâtre parisien à la recherche de pépites à programmer ? On a suivi, au pas de course, la directrice du Rond-Point.

L’interview

Rima Abdul Malak. Fidèle d’Avignon, l’ancienne ministre de la Culture (au moins, il y en avait une au Festival) revient sur les attaques réactionnaires qui menacent la culture, aux Etats-Unis comme en Europe et en France, et raconte sa découverte du théâtre, grâce à un professeur de collège, et grâce auquel elle a pu entrer librement dans la langue française. «Mettre à l’honneur la langue arabe est un choix extrêmement courageux.»

La réplique

Il paraît que Rachida Dati va venir le 26, elle ne veut pas déranger le Festival.

—  Un festivalier qui sait qu'Avignon s'achève le samedi 26 juillet

Et demain ?

Ce mardi, Samuel Achache montrera ses Incrédules à l’Opéra Grand Avignon, avec des sopranos, un orchestre de 52 musiciens, un saxo et un «miraclophone», instrument inventé pour l’occasion.

Mercredi, Solène Wachter, avec Logbook, et Suzanne de Baecque et son Charles Péguy, ta mère et tes copines, j’en ai rien à foutre (avec aussi le vrai Hervé Vilard) uniront leur spectacle pour la dernière session de «Vive le sujet» avec la SACD.

Retrouvez le journal de bord de la team théâtre à Avignon mercredi et vendredi prochains.