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Libération
Journal de bord

Festival d’Avignon, jour 2 : Dati or not Dati ?

Aujourd’hui, on défend Marlene Monteiro Freitas, on est déçu par Ostermeier et on imagine la ministre de la Culture en Sarah Bernhardt.
«Nôt» de Marlene Monteiro Freitas, «They Always Come Back» de Bouchra Ouizguen, «le Canard sauvage» de Thomas Ostermeier.
publié le 6 juillet 2025 à 17h53

On s’installe, et déjà on n’a plus le temps, entre les «Et t’as pas vu ça ?» alors qu’on vient tout juste d’arriver et les casse-tête de type «comment voir Nexus de Joris Lacoste à 18 heures alors que la navette pour la Carrière Boulbon est à 20 heures pour BREL d’Anne Teresa De Keersmaeker de 22 heures ?» Autre question en forme de série Netflix du milieu festivalier : mais où est passée notre ministre de la Culture ? On avait pourtant fait le plein, samedi au festival, avec Jack Lang, héros récurrent main dans la main avec Monique en rose fluo, Rima Abdul Malak et Françoise Nyssen. Mais quid de Rachida Dati ? Faudrait peut-être regarder du côté du camping de la Barthelasse, pas si loin du centre-ville d’Avignon, où elle présente peut-être son plan «Un été au camping». Ou demander à la CGT spectacle, qui a posé un préavis de grève préventif si jamais Rachida Dati ou un autre membre du gouvernement venait à s’afficher au festival : «On préférerait que la ministre travaille ses dossiers.» Scénario pervers : elle ne vient pas, on le lui reproche ; elle vient, on annule tout. Tout ça manque encore un peu de dramaturgie, va falloir sérieusement repitcher la suite.

Les spectacles du jour

On adore

Nôt de Marlene Monteiro Freitas. Avec ce spectacle étrange et jouissif inspiré des Mille et Une Nuits, Marlene Monteiro Freitas s’éloigne apparemment du conte pour en retrouver finalement, grâce à la radicalité du carnaval, la beauté primitive. Lire notre critique.

Les 5 et 6 juillet et du 8 au 11 juillet à 22 heures dans la Cour d’honneur du palais des Papes (1 h 45).

On aime

They Always Come Back de Bouchra Ouizguen. Au pied du palais des Papes, la chorégraphe marocaine et une troupe d’amateurs investissent l’espace public d’une danse joyeuse, gracieuse et solidaire : une micro-utopie prend parvis. Retrouver notre critique.

Place du palais des Papes, ce soir à 19 heures (entrée libre, 45 minutes).

Fusées de Jeanne Candel. Dans ce spectacle pour tous les âges, deux cosmonautes sont en roue libre dans la stratosphère. Les comédiens jouent l’apesanteur en se déhanchant le cul sur un tabouret comme on le faisait quand on était petits, reliés à leur fusée par des tuyaux d’aspirateur. Fusées de Jeanne Candel est aussi un hommage au théâtre de toute beauté.

Jusqu’au 8 juillet, à 11 heures et 17 heures au théâtre Benoît-XII (55 minutes).

Allez-y sans nous

Le Canard sauvage de Thomas Ostermeier, d’après Ibsen. Bon connaisseur d’Ibsen qu’il monte depuis des années, le metteur en scène allemand parie sur ses acteurs, prodigieux, mais livre un spectacle ennuyeux et assez poussiéreux. Lire notre critique.

Jusqu’au 16 juillet à l’opéra Grand Avignon, à 18 heures (3 heures).

On court le voir dans le off

Noire, de Tania de Montaigne, Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud. «Désormais, vous êtes noire.» On entre, et c’est l’une des premières phrases transmise par la voix de l’écrivaine Tania de Montaigne (chroniqueuse à Libération). Noire, tirée de son livre du même nom, est une expérience de réalité augmentée qui nous propulse en Alabama, le 2 mars 1955, aux côtés de Claudette Colvin. Casque et visière sur le visage, nous avançons vers le bus qui apparaît en hologramme, où la jeune fille de 15 ans refusa de laisser sa place à une blanche, comme les lois de la ségrégation l’y contraignaient. Fantôme d’enfant très proche de nous, flottante, en jupe et chaussettes blanches remontées sur les chevilles, Claudette Colvin est jugée, condamnée.

Au Grenier à sel, du 12 au 18 juillet, de 10 heures à 19 h 45 (13 séances par jour). Durée : 40 minutes.

Le billet

Rachida Dati, meilleure actrice du festival d’Avignon ? Véritable machine à saynètes, la ministre de la Culture pourrait partager la scène avec les comédiennes les plus chevronnées. A lire ici.

Et demain

Nous sommes en 2077. La fille est sur Mars, le père est resté sur la Terre. Comment maintenir le dialogue ? La Distance est la nouvelle création du patron du festival, Tiago Rodrigues.

Du 7 au 26 juillet (relâche les jeudis) à l’Autre Scène du Grand Avignon - Vedène (1 h 47).

Le jeune chorégraphe marocain Radouan Mriziga est l’une des découvertes les plus réjouissantes de ces dernières années. Il présente le deuxième volet de son travail d’exploration de la culture amazigh, Magec /The Desert.

Du 7 au 11 et le 12 juillet à 22 heures au cloître des Célestins (1 h 30).

Encore de la danse mais dans un tout autre style, avec Delirious Night de la chorégraphe danoise et cérébrale Mette Ingvartsen. Dans cette pièce encore jamais montrée, elle poursuit sa réflexion sur les transes collectives, les carnavals et les frénésies médiévales.

Jusqu’au 12 juillet à 22 heures, cour du lycée Saint-Joseph (1 heure).

Dans le festival off, on retrouvera Hugues Duchêne avec l’Abolition des privilèges, qui nous expliquera le rapport entre la nuit du 4 août 1789 et la méthode masculine de contraception consistant à porter un slip chauffant.

Au Train bleu, du 5 au 24 juillet (relâche les 11 et 18) à 22 h 25 (1 h 15).