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Libération
Journal de bord

Festival d’Avignon, jour 3 : Gaza en bord de scène

Aujourd’hui, on invite Gaza au festival, on danse beaucoup (mais avec plus ou moins de bonheur) et on réinvente la déclaration d’amour.
«Nexus de l’adoration» et «Laaroussa Quartet». (Veerle Vercauten ; Christophe Raynaud de Lage)
publié le 7 juillet 2025 à 18h35

C’est la première chose qu’on voit en sortant de la gare. Plus grand que les affiches du off qui volent sous le mistral : un grand drapeau avec écrit dessus «Palestine stop au génocide», vestige fier d’une manif qui s’est tenue là le jour même de l’ouverture du festival. Et à J3, on s’interroge, alors que cette édition dédiée à la langue arabe est bien avancée, alors que Tiago Rodrigues, son chef, a fait paraître sur Insta un texte fustigeant le massacre à Gaza, aussitôt suivi d’une tribune signée dans Télérama par tous les grands noms du théâtre. Alors qu’est-ce qu’il se passe sur scène ? Joris Lacoste consacre quelques minutes dans son grand Chant du monde à Gaza sacrifiée. Après avoir dansé Brel, Anne Teresa De Keersmaeker vient saluer drapée d’un keffieh qui paraît légèrement cosmétique. Ali Chahrour commence, lui, en faisant trembler la Fabrica de bruits assourdissants comme des bombes alors que le public cligne des yeux devant les énormes spots braqués sur lui – une spectatrice s’agace : «Mais on voit rien !» Gaza est en ces premiers jours à la fois une évidence et un impensé, s’insérant dans tous les à-côtés par nécessité politique, mais pas encore au cœur du spectacle.

Les spectacles du jour

On adore

Nexus de l’adoration de Joris Lacoste. Dans une ample pièce chantée, dansée, scandée, le metteur en scène invente une cérémonie jubilatoire, basée sur l’énumération, qui ne lasse ni ne perd jamais le spectateur. Lire notre critique.

Jusqu’au 9 juillet au gymnase du lycée Aubanel. Du 4 au 7 décembre à la MC93 à Bobigny dans le cadre du festival d’automne. Grande tournée.

Laaroussa Quartet de Selma et Sofiane Ouissi. Les deux danseurs tunisiens ont transposé en matériau chorégraphique les gestes ancestraux des potières de Sejnane, dans le nord du pays, pour en donner une passionnante lecture aérienne. Retrouver notre critique.

Jusqu’au 8 juillet à la FabricA, à 19 heures (1 heure).

Allez-y sans nous

BREL d’Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte. Enfermée dans sa gestuelle habituelle, la chorégraphe belge propose une vision exclusivement narrative de la danse sur le répertoire de Jacques Brel. Chaque titre impose ses figures imposées, ce n’est plus un spectacle, c’est du patinage artistique. Notre critique.

Du 6 au 20 juillet à 22 heures, à la Carrière de Boulbon (1 h 30).

On court le voir dans le Off

La déclaration d’amour de Louis Hee à John ah-oui. Dans un seul en scène sensible et revigorant, Nicolas Barry subvertit l’exercice surfait de la déclaration d’amour, en la déplaçant dans un référentiel queer. Lire notre critique.

Du 4 au 26 juillet, les jours pairs, au Théâtre du train Bleu - jardins du Carmel.

Le portrait

Pourquoi François Tanguy a-t-il tant marqué des générations d’artistes, de Sylvain Creuzevault à Maguy Marin ? Fait rare, le festival In a programmé deux spectacles de ce metteur en scène mort en 2022 : Item et Par autan. «J’ai rencontré deux personnes intelligentes dans ma vie : Duras et Tanguy» pose d’emblée l’actrice Marie-Noëlle Genod. Son histoire et celle de sa compagnie, le Théâtre du radeau, sont à lire ici.

Et demain ?

Prélude de pan de Clara Hédouin embarque le public pour une déambulation autour d’une nouvelle de Giono dans Prélude de Pan.

Dans Coin Operator le duo d’artistes Jonas & Lander, juchés sur des chevaux à bascule, attendront qu’on glisse une pièce de monnaie dans la fente de leur machine pour évoquer les relations du cavalier et de sa monture.

Le metteur en scène suisse Milo Rau présentera sa nouvelle création, LA LETTRE, tandis que Gwenaël Morin poursuivra son entreprise commencée il y a deux ans au sein du festival consistant à Démonter les remparts pour finir le pont.

Dans le off, et si vous aimez les histoires d’amour (brisées) dont vous êtes le héros, jetez un œil à Ancora tu de Salvatore Calcagno avec Nuno Nolasco. C’est nous, les spectateurs, qui choisissons les souvenirs que Nuno gardera de son histoire.

Au Train bleu, du 5 au 24 juillet (relâche les 11 et 18) à 17 h 25 (55 minutes).