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Libération
Journal de bord

Festival d’Avignon, jour 5 : paye ton spectacle

Ce mercredi, on se prend une claque intergalactique avec Tiago Rodrigues, on monte dans le petit manège de Jonas & Lander et on prend une leçon de vie dans le Off.
«Annette» et «Coin Operated». (Christophe Raynaud de Lage/Laurent Poma)
publié le 9 juillet 2025 à 17h59

A Avignon, il y a un truc qui agace ou amuse les spectateurs, c’est selon : entendre l’écho des batucadas de rue et autres chariots promotionnels, qui parfois balancent au beau milieu d’une pièce de Maeterlinck un gros refrain de Claude François. Cette année, alors qu’Anne Teresa De Keersmaeker, qu’on imaginait plutôt écouter John Cage en boucle, nous diffuse l’intégrale de son best-of de Brel, la musique est partout, dedans, dehors, et particulièrement variée - depuis les élégants chants bouclés à la console du spectacle d’Ali Chahrour, la déchirante chanson portugaise qui concentre toute la mélancolie de celui de Tiago Rodriguez, ou encore le merveilleux set de Deena Abdelwahed conçu pour Magec/le Désert. On y a senti les gradins rebondir sous les déhanchements frustrés de spectateurs qui auraient bien aimé rejoindre les danseurs dans leur ronde, tout comme le petit déhanché en jupette du prologue de Nôt est devenu un hit qu’on tente de reproduire le soir au bar ou dans la file pour passer le temps. Jure, on a même vu une journaliste de nos colonnes remuer sur une salsa mexicaine devant des poneys en plastique. Just dance !

Les spectacles du jour

On adore

La Distance de Tiago Rodrigues. La nouvelle création du directeur du Festival d’Avignon explore les relations entre un homme et sa fille adulte, l’un resté sur Terre, l’autre partie sur Mars, dans un futur proche. Fantastique. Notre critique.

On aime

Coin Operated de Jonas & Lander. Insérez une pièce dans la machine et le spectacle commencera. Le duo de performeurs portugais invente dans une petite forme très bien tenue un manège absurde et hilarant, qui subvertit joyeusement les codes du masculin. A dada sur mon cachet. Lire notre critique à dos de poney.

On court le voir dans le Off

Annette de Clémentine Colpin. Elle, c’est Annette Baussart, 75 ans, au centre de la pièce que lui consacre Clémentine Colpin. Une vie de femme qui se raconte. Programmée pour être épouse, mère, et prolo, Annette aura tout fait dévier, avec une conscience qui force le respect. Annette, c’est la joie de vivre d’un corps en révolution. Notre critique.

Au théâtre des Doms, à 13 heures, jusqu’au 26 juillet (1h50).

L’interview fournaise

Suzanne de Baecque. La comédienne n’a jamais mis de combinaison de ski à Avignon, s’endort peu au théâtre et invite Hervé Vilard (de Capri) sur scène pour le festival : «Quand ça se passe bien, je tombe toujours amoureuse pendant qu’on invente le spectacle.»

La réplique

Mais c’est quoi? - Des briques. - Et alors? - Et alors rien.

—  Deux festivaliers devant les œuvres d'Othoniel exposées jusqu'en janvier à Avignon

Et demain ?

Jeudi ne sera pas le jour le plus long mais celui du plus long titre de spectacle: Every-Body-Knows-What-Tomorrow-Brings-and-We-All-Know-What-Happened-Yesterday (et déjà notre correcteur orthographique s’affole) de Mohamed Toukabri. Le danseur belgo-tunisien explorera les notions de mémoire dans un solo. Le danseur de flamenco espagnol Israel Galván et le metteur en scène français Mohamed El Khatib s’essaieront, eux, au duo dans Israel & Mohamed.

Et dans le Off, allez voir en famille (ou seul après tout) Je suis trop vert de David Lescot qui adopte un ton remarquablement juste pour aborder la question écologique avec des enfants.

A la Manufacture, du 5 au 22 juillet (relâche les 10 et 17 juillet), à 9 h 50 (1 heure).