Dernière représentation à Bruxelles pour la Vie secrète des vieux avant de se jeter dans le grand bain d’Avignon. Mohamed El Khatib rodait fin mai sa nouvelle création avec sept vieilles et vieux, tous amateurs, réunis sur le plateau après avoir répondu à cette annonce : «Si vous avez plus de 75 ans et des histoires d’amour, appelez-moi.»
Le metteur en scène est rassuré : «Hier, c’était encore très flottant mais là, tout est en place.» Et ce n’était pas gagné : Chille a fait un AVC, apprendre un texte tient donc du miracle. Jacqueline, l’ex-présentatrice du journal télévisé en Belgique, qui ouvre la pièce, a 91 ans. «En novembre, on a fait une résidence, raconte El Khatib. En mars on se revoit pour une avant-dernière étape, et là, elle me demande qui je suis, quel est ce projet. C’est très fragile.» Une fragilité qui fait la force de ce théâtre documentaire en ouvrant la scène à des gens extérieurs au théâtre, des corps non-professionnels pour entendre une parole non formatée. «Les vieux sont marginalisés ; les journalistes, les soignants, leurs propres enfants parlent à leur place. Jamais je n’aurais confié leurs paroles à des acteurs», précise El Khatib qui s’interroge sur le prêt-à-penser : «Au départ, je pensais travailler sur leur mémoire, mais c’était vraiment trop cliché : la perte d’autonomie, la décrépitu