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Festival d’Avignon: «Lady Magma» et l’académisme des sorcières

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Présenté au In, le spectacle de la chorégraphe irlandaise Oona Doherty est le dernier symptôme d’une déferlante d’œuvres ultralittérales qui entendent renouer avec l’éternel féminin, sacrifiant au passage toute fantaisie.
Dans sa nouvelle version de «Lady Magma», Oona Doherty a troqué les incroyables justaucorps en velours pour des pyjamas désérotisés et bas de jogging pudiques. (DR)
publié le 10 juillet 2022 à 16h58

Jusqu’aux années 2000, les aspirants artistes fantasmaient sur Charles Bukowski, Jack Kerouac ou Rainer Werner Fassbinder en fumant des roulées les ongles sales et – dans les bons jours – en laissant courir un rat sur l’épaule trouée de leur chandail en laine. On n’échappa pas à un certain nombre de croûtes produites par un milieu professionnel parfois abusé par ces proto-clochards célestes. Aujourd’hui, rien n’a changé. Sauf que Baptiste Morizot, Vinciane Despret et Mona Chollet ont remplacé leurs aînés au panthéon et que l’on sent bien arriver depuis quelques années les premiers embruns d’une déferlante d’œuvres écoféministes rêvant au règne des oiseaux migratoires d’une part et aux pratiques occultes nées en sororité de l’autre. Dans le milieu du spectacle vivant, par exemple, ça a produit parfois de grandes et belles pièces. Mais aussi beaucoup d’arnaques et de photocopies. Et chaque festival ne va plus aujourd’hui sans une ou deux daubes néo-hippy signées par des artistes persuadés, au fond, d’être sorcière ou enfant loup.

Périnée

Dans ce paysage, on espérait que le très prestigieux festival In d’Avignon joue son rôle de phare dans la nuit. Pas tant en saquant une idéologie qu’en disqualifiant l’uniformité et le manque flagrant de fantaisie qui entend la porter. Pourtant, l’équipe d’Olivier Py nous a fait subir, en sélection officielle l’an dernier, Archée de la chorégraphe française Mylène Benoît. Et cette année Lady Magma de la chorégraphe irlandaise Oona Doherty