On ne sait plus bien qui de Fabcaro, de Bastien Vivès ou du duo Ruppert et Mulot a inventé le premier la connerie, mais tous adorent jouer sur la dissociation entre ce qui est montré et ce qui est dit. D’un côté, par exemple, un trait à la ligne fine, claire, sereine, aux couleurs volontiers pastel montrant une maîtresse de maison accueillant en souriant son invité. Et là-dessus, flanqué sur le dessin comme une mouche à merde sur un joli gâteau, un dialogue hard-core entre des goujats prévenant qu’ils ont rapporté une tarte industrielle à 7,50 euros et leur hôtesse qui leur répond «vous vous êtes pas fait chier la bite» (Fabcaro). Souvent, comme pour accentuer l’effet de détournement et de piraterie, le dessin varie à peine d’un cil de case en case alors que le discours délire.
Imaginons maintenant que ces crétineries chéries sortent des planches de BD pour atterrir sur scène et prendre vie. Car c’est exactement le même procédé utilisé dans deux fantaisies découvertes à Avignon, lesquelles prouvent que c’est aussi dans les marges de la danse et du théâtre – et pas uniquement dans celles de la BD et de l’animation – que l’art burlesque se réinvente avec dinguerie.
Langues enfermées dans les bouches
La première, Welcome, est une farce ventriloque inouïe signée par le jeune chorégraphe