Après les festivités, c’est l’heure de se mettre au travail. Au Festival d’Avignon, une intersyndicale de salariés et d’employeurs du spectacle vivant a dessiné ce lundi 8 juillet plusieurs chantiers à défendre auprès du prochain gouvernement. «Le troisième tour va être social, dans notre secteur comme les autres», a déclaré Ghislain Gauthier, secrétaire général de la CGT spectacle, à l’issue d’une assemblée générale tenue en marge du festival.
L’enjeu principal pour les syndicats : le prochain projet de loi de finances, a-t-il rappelé, avant de rappeler que 96 millions d’euros initialement destinés à la création ont été supprimés sur le budget 2024, via un décret du gouvernement paru en février. En conséquence, «il faut obtenir un refinancement du service public de la culture», estime le syndicaliste. Nicolas Dubourg, président du Syndeac (employeurs des entreprises artistiques et culturelles, premier du secteur public), a lui aussi demandé «un plan de refinancement du secteur, ne serait-ce que pour arriver à l’équilibre».
Le Pass culture «bénéficie essentiellement aux industries lucratives»
Parmi les chantiers dessinés lors de cette rencontre, les deux organisations, ainsi que le Syndicat national des scènes publiques (SNSP), ont notamment plaidé pour revoir l’allocation des fonds du Pass culture. Ce dispositif phare d’Emmanuel Macron, qui concerne les 15-18 ans en 2022, représenterait un accès facilité à la culture à 3,4 millions de jeunes de 2021 à 2023, selon le ministère de la Culture, qui précise que 250 millions d’euros lui sont attribués dans le budget en année pleine. Or Nicolas Dubourg estime qu’«on sait qu’il bénéficie essentiellement aux industries lucratives».
Véronique Lécullée, coprésidente du SNSP, souhaite diriger cette «cagnotte» vers «le service public de la culture» et les «territoires», alors que la ministre de la Culture, Rachida Dati, avait lancé en mars le chantier d’un réexamen du Pass culture pour que les jeunes soient notamment davantage incités à aller à l’opéra ou au théâtre. Nicolas Dubourg a, par ailleurs, réclamé que les collectivités territoriales, «exsangues», obtiennent «une visibilité sur leurs propres finances» et sur les «partenariats qu’elles peuvent tisser avec l’Etat en matière de politique culturelle».