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Théâtre

«Lieux communs» de Baptiste Amann, mou artistique

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Malgré un rythme et une scénographie bien fichus, le spectacle du jeune metteur en scène colle aux discours tiédis de ses personnages sans s’inventer une parole propre.
Difficile de ne pas ironiser sur le titre de la pièce. (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
par Lucile Commeaux, envoyée spéciale à Avignon
publié le 6 juillet 2024 à 7h29
(mis à jour le 25 septembre 2024 à 11h25)

Puisque les discours dominants – politique et médiatique en premier lieu – ont perdu en efficacité, «allant tout seuls» et grevés qu’ils sont de clichés asséchants, intituler un spectacle Lieux communs, c’est prendre le risque d’être particulièrement attendu sur la revitalisation de la langue. Plutôt bien fichu pour ce qui est du rythme et de la scénographie, le spectacle de Baptiste Amann se révèle décevant : on sent qu’il veut très fort nous parler de nous, mais faute de s’inventer une parole propre, il ne parle pas de grand-chose.

Sur la scène, des modules noirs aux parois vitrées et à double niveau figurent quatre espaces. C’est d’abord un théâtre dont nous voyons les coulisses, et où joue un spectacle controversé – la metteuse en scène a choisi d’adapter un long poème écrit depuis sa cellule par Issa, condamné pour le meurtre d’une jeune femme, fille d’un homme politique qu’on devine d’extrême droite. Le deuxième espace est le commissariat, où quelques années auparavant, Issa, proche de milieux identitaires a été interrogé, et – on le comprend – forcé aux aveux. C’est ensuite un plateau de télévision, où des invités se préparent à une émission culturelle, dans laquelle doit notamment intervenir une réalisatrice féministe militante, qui, dans les loges, s’en prend violemment à une journaliste plus jeune et supposément plus radicale qu’elle. C’est, enfin, un atelier, où un homme passionné apprend à son apprentie comment restaurer une peinture, en l’occurrence