Menu
Libération
Off

Festival d’Avignon : «Rien n’a jamais empêché l’histoire de bifurquer» de Virginie Despentes, rendre les coups par le doux

Article réservé aux abonnés
A l’affiche du off, le spectacle musical mis en scène par Anne Conti donne une nouvelle forme au texte puissant de l’autrice sur nos petites soumissions et surtout sur la possibilité de s’en affranchir.
«Rien n’a jamais empêché l’histoire de bifurquer» de Virginie Despentes, mis en scène par Anne Conti.
publié le 8 juillet 2025 à 16h26

C’est un texte fait de petits déplacements, légers, un peu comme des pas de boxe. Il dit par exemple que ce qui est inéluctable ce n’est pas l’ordre du monde tel qu’il est, non, ce qui est inéluctable, c’est le changement. Un texte fait de décalages, comme autant de pas de côté. Il dit aussi que si tout récemment un virus nous a montré à quel point nous étions liés, capables de se refiler la mort aussi vite et massivement, alors il serait temps de prendre conscience que nous sommes assez liés pour nous transmettre aussi efficacement la force, la joie et la vie. «Le procédé qu’un virus rend visible sous forme de contagion, il est temps d’en prendre conscience sous forme de guérison.» C’est un texte qui ne supporte pas le binaire parce que la pureté révolutionnaire n’existe pas et que nous avons tous des «keufs dans la tête», que nous sommes aussi pétris d’autocensure et de petites compromissions, que «toutes les propagandes [nous] traversent». La vraie révolution, elle serait douce.

Rien n’a jamais empêché l’histoire de bifurquer est d’abord un texte écrit et prononcé par Virginie Despentes en octobre 2020 lors d’un séminaire organisé par le philosophe Paul B. Preciado (par ailleurs