Menu
Libération
Danse

Festival d’Avignon: Via Katlehong en très grande forme

Article réservé aux abonnés
Le chorégraphe portugais Marco Da Silva Ferreira signe avec la troupe de danseurs sud-africains «Form Informs», un spectacle sublime et loin des clichés.
La pétaradante et historique troupe de street-danseurs sud-africains Via Katlehong. (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
publié le 13 juillet 2022 à 15h46

Il y a toujours le risque du dépliant touristique pour Johannesburg. Le piège est tentant pour les nombreux artistes de différentes nationalités qui furent un jour invités à chorégraphier pour la pétaradante et historique troupe de street-danseurs sud-africains Via Katlehong. L’énergie, l’humour, l’énorme technicité des jeux de jambes et jeux de masques, mais aussi l’histoire sociopolitique qui caractérise leur «pantsula» – sorte de house dance locale née dans le township de Katlehong – donnent souvent l’envie aux chorégraphes étrangers de flanquer tout cela sur scène en ajoutant deux trois questions pédagogiques un peu Okapi : qui sont ces incroyables interprètes ? Comment vivent-ils ? D’où vient cette corporalité dingue où la tapdance tricote avec la samba et les danses tribales en staccato ? Dans le pire des cas, ça donne un spectacle agréable, joyeux et instructif mais qu’on n’appellera pas tout à fait une œuvre. Au lieu de ça, et alors qu’on attendait donc de rester sur le sol de «Joburg», le jeune chorégraphe portugais Marco Da Silva Ferreira nous propulse dans une autre galaxie, si grande et incongrue, qu’on entend des «oh» et «ah» dans les gradins du Festival In d’Avignon où l’on aperçoit même les moustaches d’Edwy Plenel frétiller de plaisir.

Devant nous, les corps des danseurs sud-africains se gonflent d’air et se dégonflent comme les toons de Roger Rabbit.