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Théâtre

Festival d’Avignon : «Wasted», le monde est stone

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Dans une mise en scène feutrée et hantée, trois trentenaires cherchent leur chemin vers la maturité dans l’espoir de devenir «adultes».
Simon Cohen, Tristan Pellegrino et Kim Verschueren dans «Wasted». (Gulliver Hecq)
publié le 25 juillet 2025 à 11h41

Une présence inquiète arrive sur scène. C’est Ted, la trentaine moustachue, un peu voûté, le pied traînant, le regard timide et exaspéré. Il est stressé, et il compte bien nous le dire : c’est la dernière de Wasted à Avignon, et comme il a mal au ventre, nous sommes priés de ne pas nous manifester par des petits bruits de bouche qui pourraient le décontenancer. On rit (irrésistible Tristan Pellegrino). La pièce n’est pas commencée, ou alors peut-être que si ? Une voix arrive, c’est celle d’une femme, Charlotte (Kim Verschueren) qui entre en scène tout doucement, par le chant, à la limite du spoken word comme le fait aussi l’auteur de la pièce, Kae Tempest.

Appuyés sur un cube lumineux, à la fois menhir et tombeau, les deux sont rejoints par Dan (Simon Cohen), musicien survolté qui joue dans les bars et rêve de gloire mais qui, pour l’instant, vivote entre deux lignes de coke. Tous trois se réunissent pour la commémoration d’un ami mort il y a dix ans, Tony, et c’est le moment des grandes questions : sont-ils heureux ? Sont-ils devenus ce qu’ils voulaient être ? Ted s’ennuie ferme devant ses tableaux Excel. Il voudrait juste manger ses linguine sauce pesto rosso tranquille à la pause