Ça peut sembler paradoxal. Alors que le festival parisien Africapitales s’intéresse, chaque année, aux grandes villes africaines en termes de bastion culturel, la marraine de cette quatrième édition livre des mantras intrinsèquement liés à la nature préservée de toute attaque urbaine. Cette figure, c’est Germaine Acogny, 80 ans, chorégraphe et danseuse franco-sénégalaise, surnommée «la mère de la danse africaine». En plus de cinquante ans de carrière, elle a porté une danse qu’elle conjugue au pluriel, sur les plus grandes scènes internationales.
La ville à laquelle Afrocapitales est dédiée cette année? Dakar. Une métropole que l’on juge en chantier permanent, en constante métamorphose, bétonnée à l’envi. Mais, elle abrite un vivier culturel, un brouhaha et une atmosphère empreints d’une forme de saudade ou de la mer qui la borde, et dont la seule vue vous renvoie à l’imagerie façonnée par Mambéty. Ville de vives contradictions où, à 24 ans, Germaine Acogny a fondé son tout premier studio de danse avant d’y monter avec Maurice Béjart, rencontré par l’entremise de Léopold Sédar Senghor, l’école «Mudra Afrique» en 1977. Elle y collabore notamment avec le maître du sabar, feu Doudou Ndiaye Rose.
Energie créative
Paradoxe désamorcé… Germaine Acogny s’inscrit indéniablement dans la généalogie artistique de la capitale sénégalaise. «J’aime à me rappeler du Dakar post-indépendantiste. Senghor sou