C’est du burlesque muet comme aux grandes heures du genre. Un one-woman show qui joue d’un cauchemar enfantin très banal et souvent fondateur : la terreur de se retrouver petit gros impotent et abandonné de tous au milieu d’une cour de récré uniquement composée de gens très beaux et populaires qui savent à quel point une cuisse fuselée n’est jamais aussi bien servie qu’agrémentée de bottes en cuir noir crypto Waffen SS, et qui vous le font savoir à chaque déhanché. Dur. Qu’elle est drôle, décidément, cette Silvia Gribaudi, artiste italienne qui s’autocaricature dans le spectacle Grand Jeté, en clown empoté et asthénique perdu sur scène au milieu de créatures so chic, à la pêche d’enfer et à l’arrogance smart.
Dans le rôle de ces individus inhibants : des danseurs sapés comme des égéries de catwalk, avec franges graphiques et uniformes noir, tous jeunes et beaux interprètes de la MM Contemporary Dance Company de Reggio Emilia, dirigée par Michele Merola (ç‘auraient pu être ceux, sur-fashion, de (La) Horde du Ballet National de Marseille). Silhouettes terrifiantes sans masse adipeuse, ils forment ici une milice du bon goût et de la vie pleine d’énergie. Leur training quotidien