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Critique

«Histoire du soldat» : farce de frappe au théâtre du Châtelet

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Combinant théâtre, musique et cirque, Karelle Prugnaud crée au Châtelet une version spectaculaire et démonstrative du «conte» de Stravinsky et Ramuz.
«Histoire du soldat», de Karelle Prugnaud. (Thomas Amouroux)
publié le 24 juin 2025 à 6h45

«Pourquoi ne pas écrire ensemble une pièce qui puisse se passer d’une grande salle, d’un vaste public. […] Nous reprendrions la tradition des théâtres sur tréteaux, des théâtres ambulants, des théâtres de foire.» C’est en ces termes que l’écrivain et poète suisse Charles-Ferdinand Ramuz relate l’esprit qui prévalut lorsque lui et le compositeur russe Igor Stravinsky décidèrent de pactiser, le temps d’un conte, «histoire lue, jouée et mimée», appelé à passer à la postérité.

Emanation de la tradition populaire russe transposée dans le contexte de la Première Guerre mondiale, Histoire du soldat devient un siècle plus tard une fresque paradoxalement spectaculaire, sur l’immense plateau du Châtelet. Décor de musical apocalyptique, inspiré par les ravages de l’armée russe en Ukraine, nappe sonore menaçante, fumigènes, lumières blêmes, soldats en treillis et réplique de char, le ton apparaît d’emblée anxiogène, qui, ensuite, veille à badigeonner de dérision et d’outrance cette variation du mythe de Faust où un soldat accepte d’échanger son violon contre un livre censé prédire l’avenir.

A la baguette, Karelle